Tout va disparaître 450
Vidéo projections de 2 x 10 minutes


Les micro-fictions mises en place ici par Élise Leclercq Bérimont et les personnes qui y prennent part, interrogent la fin du monde industriel à travers ses résonances intimes. De ces rencontres, qui invitent à l’aléatoire de l’échange, naissent des actions improvisées par les personnes dans un lieu traversé de leur présence.

Peut-on seulement imaginer toute l’histoire qui se cache derrière un simple geste ? Christine balaye dans une usine désormais vide, où elle répéta cette action pendant de nombreuses années. Ces mêmes lieux d’où elle fut "balayée" selon ses propres termes. L’usine, lieu de l’assourdissement et de l’épuisement, se présente ici à nu, pénétrée de la lumière que lui offrent ses fissures. D’autres fissures se révèlent, celles de la mémoire, alors que les lieux se donnent à voir dans leur devenir-scène. Non pas une scène de théâtre, loin de là, mais la scène du souvenir, où la mémoire reprend vie à travers les gestes qui l’incarnent. Salah repeuple à lui tout seul l’espace de son café par ses déplacements et ses manipulations d’objets. Il dessine de ses mouvements un parcours physique du lieu retraçant le parcours mental des idées. Les actions sont à la fois littérales et métaphoriques, d’où leur dimension performative. La justesse des gestes nous renvoie à l’ampleur de l’expérience qui les sous-tend, et les airs de musique distillés par le juke-box accompagnent ce sentiment de la réminiscence dans la répétition. Comme dans une chanson dont le dernier refrain se ferait toujours attendre, il y a une méditation du dernier acte dans ces "gestes d’expérience".

Si les usines sont désaffectées, il en va de même pour les gestes qui les habitaient, désaffectés de leur poids économique et de leur valeur marchande. Réinvestis de leur poids politique et de leur valeur esthétique, ces gestes découragent ainsi l’effacement des choses et la disparition du "vécu".